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Imaginaires de la matérialité

 

Ce que nous habitons, ce qui nous habite

      Dans ma démarche plastique, je porte un intérêt particulier à la matérialité du monde, à ses phénoménologies, ses morphologies, ses étrangetés…

J’ai grandi dans un environnement rural de l’Amérique latine. De mon enfance, je me souviens de la sensibilité que je portais au monde physique qui m’entourais : êtres, choses, objets, surfaces, consistances…tout me bouleversais. Tout se ressemblait et s’assemblait dans mon esprit. J’ai évoluée très proche de l’univers de ma mère, qui était couturière et tressait du jonc. 

     Aujourd’hui, je puise des ressources dans les souvenirs des premières rencontres esthétiques. Je pense à ces premières approches plus primitives du modelage. A ces premières élaborations inspirées simplement par le matériel, ses ressemblances, impression au toucher, ou leur malléabilité. 

      Le travail plastique que je produis, est une tentative de revenir sur ces manières d’agir plus automatiques et intuitives sur la matière. Ce sont de gestes que j’opère sur des éléments ou matériaux, que j’extrais du réel. Le résultat sont des esthétiques improbables, riches en formes et sens : corporéité, substance, nature… Matérialités ambigües où la figure peut se révéler tout comme se dissoudre. Où le familier peut se révéler étrange.

Dans d’autres temporalités, les matériaux utilisés peuvent ramener aussi du sens. Être porteurs d’une mémoire de l’intime et personnel, ou venir interpeller une mémoire universelle, (tissu, plume, terre, bois, cire, pétale, cheveux, fumé, os…).

     C’est une démarche qui me permet de placer le quotidien, le réel, dans un nouveau contexte. Tel un enfant, j’essaye de rester curieuse pour le monde physique qui m’entoure. De tirer des ressources de matériaux autres, improbables…

Exercice d’imagination qui peut d’une part questionner la relation mentale que nous entretenons avec le monde physique, nos impressions, nos mémoires de peau et de matières. Mais aussi, revenir sur une « mémoire du geste de la main », de sa primauté, et sa capacité à être efficace pour transformer, faire évoluer le monde matériel sur lequel il s’inscrit.  

         Dans l’espace d’exposition l’œuvre cherchera à se dévoiler en tant que « présence sculpturale », relevant cette fois-ci d’autres aspects formels de l’art : matiérisme, surréalisme, informe, art modeste…

 

 Processus de création

     Je m’intéresse à des matériaux improbables, anodins, modestes, malléables, tirés parfois de l’univers domestique, du quotidien, destinés à des usages décoratifs, organiques, assimilés à la vie !

 

     A ces éléments j’accorde de longs temps d’exploration pour comprendre leur nature et leurs possibilités d’évolution, voire de transfiguration. Le travail de mise en forme est manuel et se fait dans l’immédiateté, par intuition, par mise en résonance… Les techniques peuvent être apprises ou improvisées.

Modeler, remodeler, déformer, morceler, enlever, rajouter, assembler, bruler, coudre, recouvrement successif, ajouts, tassements, pétrissages, ces gestes peuvent participer au processus. Ce sont de temps de « négociation », d'assimilation entre des différents langages, formes et sens.

 

     A l’élaboration d'un élément, s'en suit un long processus d'observation, de questionnement : Quelle existence ? Se suffit-il à lui-même ? Lui faut-il un contenant ? Faut-il le multiplier ? L'assembler ? Comment agir ? Par couture ? Par rajouts de matières ? D’objet ? De chose ?

Un phénomène de construction par « mise en abîme » s'installe alors : un élément, un sens, une matière en épouse une autre, un élément en épouse un autre…

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